lundi 23 novembre 2009

Dan Livingstone et le Mississippi Delta Blues

Vendredi 23 novembre, blues, rag, folk et bluegrass étaient à l'honneur au sympathique Café NamasThé à Ormstown, en Montérégie. La soirée, animée par Danny Bloom, organisateur du Apple Hollow Music Fest de Franklin, a débuté par un "open mic" où plusieurs musiciens ont défilé sur scène pour réchauffer la salle.  Mais au Namasthé, est-il besoin de réchauffer la salle ? On a l'impression de se retrouver entre copains dans un café des années '70. La musique étant universellement rassembleuse, francophones et anglophones, musiciens de métier et grand public, adolescents et adultes de tous âges y sont à l'aise et conquis par l'endroit et l'atmosphère qui y règne.

Dan Livingstone, guitariste fingerstyle, a présenté des pièces de Mississippi Delta Blues et de Rag puisées dans le répertoire roots américain. Originaire de l'ouest du Canada, il vit maintenant à Montréal où on peut l'entendre notamment les samedi soirs (il faut cependant vérifier l'horaire) au Griffintown Cafe (1378, rue Notre Dame O., à montréal), en compagnie du Griffintown Jug Addicts. Il a été de tous les festivals de blues renommés au Québec, a présenté la première partie de B.B. King en 2006 à la Place des Arts et s'est produit également en Europe et ailleurs au Canada. En formation musicale élargie, il est souvent accompagné de l'excellent Stephen Barry à la contrebasse.

Dan Livingstone (guitare, dobro et voix) est sans doute un de plus talentueux musiciens de la scène blues montréalaise. Très expressif dans son jeu, il ne manque pas de nous entraîner dans sa passion pour le roots, interprétant tout à tour des pièces de Mississippi John Hurt, Fred McDowell, Robert Johnson, Doc Watson, Blind Boy Fuller, Bukka White et Blind Lemon Jefferson. Il a un léger filtre dans sa voix puissante qui lui confère un caractère unique, tout comme son sourire qui exprime un bonheur sans retenue d'être sur scène. Ajoutez-y un humour intelligent et un contact sympathique avec le public: Dan Livingstone est une rencontre qu'il faut absolument faire.

Quant au Café NamasThé, il y a spectacle gratuit à tous les vendredis soirs. À la fin de la soirée, contribution volontaire du public: on passe le chapeau pour les musiciens qui sont plusieurs à souhaiter s'y produire. Déjà, la programmation est complète jusqu'en mars 2010 et le public sera au rendez-vous, remplissant le café comme à tous les vendredis. Un très très chouette endroit offrant des repas légers et santé à petit prix et un bel assortiment de thés, où on se retrouve en toute simplicité. Comme son nom l'indique (du sanskrit namaste: la lumière en moi honore la lumière en toi), on sent accueillis dans toutes nos différences. Une bien belle initiative locale et une richesse pour la région.

Site officiel de Dan Livingstone

Site du Café NamasThé

vendredi 20 novembre 2009

Acrylique Acoustique: Duo découverte dans un resto jazz sympathique

Samedi dernier m'était donnée l'occasion de revoir un duo fort original, Acrylique Acoustique. Concept créé il y a quelques années par Sébastien Moreau, le duo se compose de lui-même, guitariste classique et de Melsa Montagne, artiste peintre. L'événement conjugue concert et peinture en direct.

Sébastien Moreau est guitariste classique. Son répertoire contemporain n'est pas facile au premier abord. Le public doit demeurer attentif à ces pièces aux motifs inhabituels et bien sûr, le compositeur cubain Léo Brouwer trouve une place de choix au répertoire, ainsi que Roland Dyens. Nous aurions souhaité entendre à nouveau Electric Counterpoint, pièce écrite par Steve Reich pour Pat Metheny, que Moreau interprète impeccablement. Ce dernier nous a cependant surpris avec deux pièces de Andy McKee, guitariste de style "tapping". Habitués que nous sommes au répertoire classique contemporain de Sébastien Moreau, nous avons pu apprécier la versatilité de ce musicien qui a déjà fait partie de l'Ensemble Forestare.

Melsa Montagne, jeune peintre énergique, nous propose une composition en direct d'une toile mettant en images des sujets humains qui ne sont pas sans nous rappeler les visages des " mangas" japonais sur fond grunge. D'un coup de pinceau rapide et sûr, elle invente le personnage et son environnement. Si le guitariste attire notre attention par son jeu complexe, il ne faut pas perdre la peintre de vue trop longtemps, car déjà les grandes lignes sont présentes et bientôt les traits se précisent. En fin de soirée, la toile est à vendre au plus offrant.

En plus des lieux culturels, le duo se présente dans les événements corporatifs et au printemps dernier, dans un entrepôt de Montréal, il s'était mis en scène de façon spectaculaire. Les artistes ont développé un haut standard d'esthétique qu'ils mettent en scène lorsque l'endroit le permet, ou s'intègrent simplement à l'environnement, comme ce fut le cas dans ce sympathique resto.

L'Exaltation ! Jazz, situé au très charmant centre-ville de L'Assomption, dans Lanaudière, est ouvert depuis près d'un an. Son chef, Simon, est fort accueillant et le service est sympathique. Le menu offre des assiettes généreuses à un prix raisonnable, soit 35 $ pour un souper 5 services (sans le vin) incluant le spectacle. Salades originales et potages onctueux introduisent au repas principal dont les choix proposent des alliages intéressants et goûteux qui favorisent les produits locaux. Le poulet grillé aux abricots, miel et ail confit, accompagné de ses légumes braisés, rappelle la cuisine maison aux saveurs enveloppantes et réconfortantes.

À l'extérieur du resto, une immense installation artistique lumineuse titille la curiosité et nous invite à découvrir les lieux. Rénovée par le propriétaire lui-même, l'ancestrale a conservé son cachet rustique, bonifié d'éléments décoratifs originaux et amusants. La grande terrasse est sûrement bien agréable en été. Situé sur la rue St-Ignace, à côté du Théâtre Hector-Charland, l'endroit est un choix à retenir avant les spectacles.





vendredi 6 novembre 2009

La lenteur alentour

Une visite impromptue chez le disquaire par un samedi pluvieux. Sur les étalages, on nous suggère généreusement des titres à écouter avant de les acheter (quelle belle façon de découvrir). Mon amoureux s’est laissé tenter par l’écoute de La lenteur alentour d’Émilie Proulx, paru au printemps 2009. Il a été séduit et l’a acheté. Un coup de cœur que nous avons ensuite partagé. Le titre exprime bien la torpeur dans laquelle on se trouve lorsqu’on se questionne à répétition sur le sens de notre vie, sans trouver de réponse. L’album dans son entier met en mots toutes ces idées emmêlées auxquelles nous sommes confrontés dans ces moments de passage à vide. Les musiques accompagnent très très doucement ces pensées qui coulent dans l’aube grisonnante des journées qui n’en finissent plus de se terminer. Les back-vocals, semblables à ces petites voix qui partagent les sentiments contradictoires, sans pour autant apporter de réconfort, se mêlent harmonieusement à la voix d’Émilie Proulx, validant, sans bousculer, qu’on n’est jamais tout à fait seul, malgré tout. Émilie Proulx ose dire ce que beaucoup ont pensé dans ces moments de grande solitude ou d’égarement, que nous n’exprimons qu’à nous-mêmes, que nous n’osons partager parce que la trame défile, indéfinissable, sans début, sans fin. Pour ceux qui vivent une remise en question, qui ont le sentiment d’être en dehors de leurs pompes, cet album est un baume. Enfin, pour tous ceux qui apprécient le folk, les instruments acoustiques et les mélodies lentes qui se fondent dans l’intimité, dans le cocon de l’appartement comme si elles l’avaient toujours habité, cet album a sa place de choix dans la discothèque… dans la nôtre, très certainement. http://www.emilieproulx.com

mercredi 29 juillet 2009

Diane Major - Les jours heureux

En ce 17 juillet 2009, les jardins de la Maison Antoine-Lacombe à Saint-Charles-Borromée se sont transformés le temps d'une soirée, en piste de danse pour Diane Major. Elle était délicieusement accompagnée au violoncelle par Julie-Odile Gauthier-Morin. Danseuse et chorégraphe depuis de nombreuses années, Diane Major nous plonge dans l'univers de la poésie dansée. Entre ses pas se révèlent des mots parfois chantants, parfois douloureux. C'est qu'elle nous parle de la communication et de l'affirmation de soi. Des sujets toujours difficiles. Et telle un papillon, elle s'extirpe de sa chrysalide pour nous offrir une facette, puis une autre, de ses ailes de fée, au fil de trois histoires véritables qui rappellent l'importance des jardins comme éléments de communications qui ont façonné les sociétés. L'expérience de la vie lui a, de toute évidence, permis de prendre bien des leçons. Des leçons de danse, bien sur, et dont elle nous fait belle démonstration, entre fleurs et pommes. Mais encore, ses textes qu'elle livre en cours de route, parfois improvisés pour entrer en contact avec le public, sont empreints des couleurs du jardin qui l'entoure. Et elle sourit... et nous séduit. Il est heureux que la Maison Antoine-Lacombe ait osé la danse en ses lieux. Maison de la culture renommée de Lanaudière et reconnue pour avoir présenté nombre de spectacles mettant en scène la relève culturelle multidisciplinaire, c'était faire preuve d'audace et d'une belle ouverture. Car la danse vit difficilement dans Lanaudière, malheureusement. Nous souhaitons que d'autres jardins du Québec offriront une terre d'accueil et de croissance à Diane Major qui tient là un concept tout à fait intéressant et riche en possibilités. http://r2k2danse.org/

vendredi 1 mai 2009

Les états de Nic Payne

Le 25 avril 2009, j'assistais pour la deuxième fois en un mois à un spectable du bluesman Nic Payne au Vieux-Saint-Martine, en Montérégie.
Nic Payne a une présence de scène phénoménale. Et on retourne le voir, comme on va voir régulièrement en spectacle un ami musicien. Chaleureux et plein d'humour, il entame son spectacle avec une interprétation incendiaire de Stevie Ray Vaughan. En quelques minutes, les danseurs l'accompagnent, la salle est déjà réchauffée et les sifflements fusent.
C'est que Nic Payne n'est pas avare de son énergie. Hits blues, rock et pop se trouvent réarrangés, parfois de façon surprenante. Une pièce d'Aznavour arrive au moment où on s'y attend le moins, car malgré son répertoire majoritairement anglais (blues oblige), Nic Payne aime la langue française qu'il honore fort bien.
Les pièces se suivent à un rythme effarant, parfois enchaînées dans des medley au tempo reggae ou shuffle blues. Il faut le dire, Nic Payne propose un répertoire large qu'il adapte au public du moment. Une voix puissante accompagnée d'une guitare acoustique qui sonne "large" dont il a une parfaite maîtrise: on oublie très vite qu'il est seul sur scène.
S'il passe dans votre coin, ne le manquez surtout pas. Bien qu'il fréquente régulièrement la scène blues montréalaise, il donne quand même plusieurs spectacles en région, dont le 15 mai prochain au Vieux Ste-Martine, une très agréable salle, soit dit en passant (http://www.dementsciel.com/dynamic/sections/evenement/event.asp). Les billets sont 18 $... c'est donné ! On espère le retrouver à nouveau au Festival de Blues de Tremblant cet été.
Pour écouter Nic Payne, http://www.myspace.com/nic.payne

jeudi 9 avril 2009

Mohan veena et autres cordes...


Samedi le 4 avril dernier, j'assistais au spectacle de Harry Manx à la salle Rolland-Brunelle, à Joliette. Roots blues, musique indy, heureux mélange très soft, un road-trip entre deux univers musicaux que Harry Manx côtoie depuis longtemps. Comme le décrit bien sa bio, Harry Manx, le "Mysticssippi" blues man, est un lien essentiel entre la musique de l'ouest et de l'est. Très sympathique et soucieux du bien-être de son public, il s'enquiert de notre état "blues" avec beaucoup d'humour et de finesse. Parlant road-trip, j'ai passé le concert en selle sur un destrier imaginaire, en balade au milieu de nulle part, habitée d'une paix intérieure immense. Harry Manx porte à l'apaisement. Guitare acoustique, dobro, banjo, mohan veena et une mystérieuse "boîte à cigares" munies de cordes, et toutes ces cordes accompagnées d'une douce percussion au pied qui se confond avec le riff de guitare, font merveilleusement écrin tour à tour à la voix très folk et langoureuse de Harry Manx. Des pièces originales qui touchent le coeur, tant par les accords que par les textes, et une version surprenante de Voodoo Child que M. Hendrix aurait pris plaisir à entendre. Généreux, il nous a offert quatre chansons en trois rappels, après plus d'une heure et demie de spectacle, seul sur scène. Ma préférée entre toutes, Coat of mail, a trouvé sa place dans le répertoire ce soir-là. M. Manx a déjà commis 8 albums et en prépare un tout nouveau. Tous, à mon avis, méritent une écoute attentive et une place dans votre discothèque. Mon préféré demeure à ce jour Wise and Otherwise, mais Mantras for Madmen me rend le choix difficile à faire. On remercie au passage le Festival Mémoire et Racines , qui a inclus M. Manx dans sa programmation hors-festival. Initiative heureuse, plaisir renouvelé puisqu'il revient à Joliette pour la troisième fois après sa prestance au festival en 2004 et un duo avec l'excellent pianiste Michael Kaeshammer en 2006. On visite le site Internet de Harry Manx au http://www.harrymanx.com/. Pour les curieux, visitez le site de la mohan veena, ce magnifique instrument que M. Manx exploite avec virtuosité, au http://www.mohanveena.com/.
à découvrir, si ce n'est déjà fait, Michael Kaeshammer au http://www.kaeshammer.com/.

samedi 28 mars 2009

Johanne Cantara, Jazz | Bossa Nova

Le 25 mars 2009, Johanne Cantara présentait au Centre Culturel de Joliette son spectacle qui fait suite au lancement de son premier album Jazz Bossa Nova en mars 2008. Découverte de la semaine à Planète Jazz avant même la sortie officielle de l'album, puis mise en nomination à l'ADISQ 2008 en tant qu'Album Jazz de l'année - interprétation, Johanne Cantara avait tout pour être comblée en cette première année. Elle apprenait en février 2009 qu'elle était également mise en nomination en tant que Révélation francophone de l'année au Gala des prix SOBA. Tout un tour de force ! Accompagnée de Pierre Côté à la guitare et de Daniel Hubert à la contrebasse, musiciens dont la réputation n'est plus à faire sur la scène québécoise, elle livre des versions inédites de la chanson française et nous fait vibrer aux rythmes chauds de la bossa, avec une candeur qui ne laisse personne indifférent. Pour les 30 ans de Cégep en spectacles, la salle Rolland-Brunelle était en fête la semaine dernière. Autant d'encouragement à persévérer pour les jeunes musiciens du Québec, puisque Johanne Cantara, originaire de St-Zénon, en fut la lauréate nationale en 1982. Pour entendre des extraits de l'album Jazz Bossa Nova et connaître les dates de spectacles: http://www.johannecantara.com/

MesTisSages de Eric B

J'assistais en novembre dernier au lancement montréalais de l'album MesTisSages de Eric Bernard, et hier, au lancement châteauguois. Le titre de l'album est juste. Inspiré de ses nombreux voyages, Eric Bernard a su effectivement métisser les riches cultures qu'il a côtoyé dans un amalgame festif de rythmes chauds et envoûtants. Sur la scène, Eric Bernard est manifestement heureux, et cet enthousiame contagieux se propage aux musiciens qui le suivent dans l'aventure, et à la salle qui, hier, s'est même lancée dans un accompagnement parfois vocal, parfois rythmique. Eric Bernard a un passé musical techniquement très solide, mais au-delà du guitariste précis et sensible qu'il est, il y a cette aisance dans l'éclectisme de ses compositions qui nous permet de voyager harmonieusement d'une pièce à l'autre. L'album MesTisSages de Eric B est disponible, entre autre, chez Archambault. Faites-vous plaisir !