dimanche 8 mai 2011

L'immense abandon des plages en lecture publique

C'est en 2009 que Mylène Durand, écrivaine en partie lanaudoise et montréalaise, publiait son premier roman L'immense abandon des plages aux Éditions Pleine Lune. L'auteure a d'ailleurs remporté pour ce roman le Prix Fiction 2009 du Salon international du livre insulaire d'Ouessant, en France.

L'immense abandon des plages faisait l'objet d'une lecture publique présentée par l'organisme lanaudois À voix haute le 4 mai 2011 à la Salle Roland-Brunelle à Joliette. Il s'agissait là d'un défi de taille pour les comédiennes Annie Gravel et Valérie Descheneaux: d'abord rendre la personnalité des deux seours, puis la profondeur du lien qui les unit dans la détresse de l'abandon de la mère. La mère remplacée par la mer, qui emporte tout avec elle...
 
Valérie Descheneaux personnifiait Élisabeth avec beaucoup de grâce et justesse, tantôt abandonnée à de douces pensées, tantôt désarmée dans cette ville dont elle ne connaît rien, tantôt terrassée par la perte, une perte dont elle peut dire la source, mais dont la justification demeurera sans réponse.

Annie Gravel incarnait, quant à elle, une Claire en révolte, qui ressent cruellement l'abandon au plus profond de son être, mais qui arrive malgré tout à demeurer attachée à sa soeur, son ancrage. Seul leur frère Julien demeure sans voix, tout au long de l'interprétation, mais prend vie dans les lettres de Claire. Il était juste de traiter ainsi le personnage qui se mure dans le silence au fil du roman.

L'abandon et la fuite de ce milieu familier mais construit des grands vents de la souffrance sera leur réponse à cet abandon. La fuite s'avère ici une réponse saine à une situation insoluble qui leur permettra de se reconstruire peu à peu.

Soulignons l'excellent travail d'Onil Melançon qui signe cette mise en lecture, ponctuée de la musique de Chopin qui rend bien la mélancolie des discours et le rythme de l'évolution psychologique des  sœurs au travers de leurs correspondances.

L'immense abandon des plages est un roman magnifique, douloureux, mûr, plein d'une symbolique recherchée et rédigé dans un niveau de langage dont la finesse pourrait être attribuée à un écrivain fait et les coloris, à un peintre subtil. Nous découvrons plutôt, avec bonheur, une jeune auteure de 29 ans, dont le deuxième roman est en préparation.

Rappelons que À voix haute est un organisme à but non lucratif dont la mission est de diffuser des œuvres littéraires lanaudoises sous forme de lectures publiques par des comédiens professionnels et qu'il le fait fort bien depuis maintenant quatre ans. Voilà une belle façon de faire vivre une œuvre et de la faire évoluer autrement.

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